
Sainte Hildegarde de Bingen
10 décembre 2024
Une mise en pratique des dialogues avec l’ange – Patricia Montaud
28 décembre 2024Il fait partie de ces auteurs russes
qui ont largement contribué à ouvrir notre conscience.

J’ai relu récemment le « Pavillon des cancéreux », pour me replonger dans son écriture, mais ce n’est pas vraiment de cet écrit que je veux parler aujourd’hui.
Non, aujourd’hui il est intéressant de relire « Le déclin du courage », livre issu d’un discours qu’il a prononcé à Harvard en 1978 : sa critique de la société de consommation, après avoir fui le régime communiste.
Alexandre Soljenitsyne, Russe mobilisé en 1941 dans les rangs de l’armée rouge, est arrêté pour avoir insulté Staline. Il purgera une peine de 8 ans au goulag qu’il décrira dans le livre qu’il fait paraître en 1962 « Une journée d’Ivan Denissovitch » ainsi que « L’archipel du Goulag » paru en 1974.
Déchu de sa nationalité et expulsé de son pays, il se réfugiera aux États-Unis.
Il est l’un des plus célèbres dissidents du régime soviétique, dont l’œuvre révèle la dureté des camps où il a été enfermé et où sa vocation d’écrivain s’est révélée.
Lors de son discours en 1978, là où on l’attendait pour fustiger une fois encore le régime communiste, contre toute attente, il s’est adressé aux étudiants d’Harvard, pour critiquer le système individualiste occidental. Régime communiste ou régime capitaliste… Il pose dos à dos les deux systèmes, l’homme s’est égaré, il a perdu sa liberté intérieure.
« Non, je ne peux pas recommander votre société comme idéal pour transformation de la nôtre. (…) Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. À l’est, c’est la foire du Parti qui la foule aux pieds, à l’Ouest la foire du commerce : ce qui est effrayant, ce n’est même pas le fait du monde éclaté, c’est que les principaux morceaux en soient atteints d’une maladie analogue. »
Il note également l’émergence du 4e pouvoir : les médias, une presse mensongère, capable de se contredire sans jamais faire son mea culpa.
« Est-il vrai que la vie de l’homme et l’activité de la société doivent avant tout se définir en termes d’expansion matérielle ? Est-il admissible de développer celle-ci au détriment de l’ensemble de notre vie intérieure ? (.../…) Chaque jour que de jugements hâtifs, téméraires, présomptueux et fallacieux qui embrument le cerveau des auditeurs et s’y fixent ! La presse a le pouvoir de contrefaire l’opinion publique, et aussi celui de le pervertir... »
Le déclin du courage, opuscule assez court, paru en 1978, reprend une analyse fine de notre société, et le caractère prémonitoire confère à cet écrit une dimension quasi-prophétique !
J’aime ces positions engagées.
