
Nourrir l’esprit et reprendre contact avec le corps
28 février 2025LE MAÎTRE ZEN
"Du silence s’élève l’esprit immortel.
Silencieuse, la conscience éternelle continue en deçà de notre naissance, au-delà de notre mort.
Etre silencieux c’est revenir à l’origine de la nature humaine."

Quand je pense à Taisen DESHIMARU, je ressens un immense silence, une sensation de dépouillement et une force presque minérale qui émane de sa présence. Sa vie pour le zen révèle tout l’engagement de cet homme pour contribuer à éveiller le monde, et diffuser ce en quoi il croit.
Deshimaru : un grand maître du XXe siècle.
Je ne l’ai pas rencontré, je l’ai lu, j’ai visionné des vidéos et cela m’a permis d’entrer en lien avec cet être porteur de l’enseignement du zen qu’il amena en France en 1967. Je suis personnellement reconnaissante voire admirative d’un tel engagement.. Maître Deshimaru a eu cet élan incroyable, en se sentant appelé à venir enseigner en Europe, ce courage de la totale humilité, la totale foi en sa voie. Ses élèves disent de lui « il était ce qu’il disait ».
En 15 ans de vie en France, il a laissé une œuvre colossale entre transmission, écriture, fondation de nombreux dojos et du temple de la Gendronnière , le centre du zen aujourd’hui encore.
Tout commence au Japon où il naît en 1914.
Très jeune attiré par la spiritualité et l’art, il ambitionne le métier de peintre, métier auquel son père s’oppose et l’oriente vers des études d’économie.
Dans l’éducation japonaise, on respecte l’autorité parentale et Taisen Deshimaru obéit. Il va alors rencontrer un profond tiraillement intérieur entre l’essence spirituelle qui l’habite et cette société d’échanges économiques qu’il essaie de comprendre. Pour autant, une vie recluse de moine, dans un premier temps, ne l’attire pas non plus. Comment vivre dans ce monde ? Il se sent attiré par les voyages, la découverte des Etats Unis, et accomplir son identité spirituelle. Et c’est tout l’enseignement que Kodo Sawaki, son maître, va lui dispenser : d’abord être un homme dans la vie ordinaire, assumer ses responsabilités sociales et familiales tout en s’engageant totalement dans une vie spirituelle.
Au moment où il retrouve celui qui va devenir son maître, Kodo Sawaki, la vie lui semble dépourvue de sens.
Cette rencontre lui ouvre l’enseignement du bouddhisme tel qu’il le recherchait, et la pratique assidue du zazen (pratique de la méditation assise). Taisen Deshimaru s’engage dans cette voie du bouddhisme-zen qui répond à tous ses questionnements intérieurs. Kodo Sawaki lui refuse dans un premier temps, l’ordination de moine et lui demande de vivre une vie sociale et familiale, tout en pratiquant sans relâche zazen. Le zen n’est pas séparé de la vie ordinaire du quotidien. Il demeure donc un pratiquant laïc. Maître Kodo Sawaki souhaite que le zen sorte des temples, et soit pour tout le monde. Il encourage ainsi Taisen Deshimaru à avoir une vie qui rencontre les difficultés ordinaires de la vie, pour partager cette voie sans se retirer du monde en étant dans un monastère.
Sentant sa mort approcher, Maître Kodo Sawaki ordonne Taisen Deshimaru moine, et lui demande de porter son enseignement. « Il faut que tu transmettes et que tu prennes ma suite… » Il devient son disciple.
Deux ans plus tard, Taisen Deshimaru confie sa famille à son fils, règle ses affaires et se rend en 1967 à Paris. Il ne parle pas le français, n’a pas d’argent. Durant les premiers temps où il habite en Europe, il vit modestement, effectue des massages et des calligraphies pour vivre. En parallèle, il fait zazen, il enseigne zazen, il donne des conférences et transmet l'enseignement qu'il a reçu.
Très vite, par son aura, sa pratique intense, il répand le zen en Europe.
Il incarne le zen et attire par sa personne, il devient rapidement célèbre.
En 1972, à Zinal en Suisse, un grand stage international regroupe 400 personnes.
Il prend ce rôle d’éveilleur de conscience devant les erreurs du monde occidental.
Il crée de nombreux dojos dans toute l’Europe, en 1982 au moment de sa mort , 110 dojos existent.
« Fort et sage : le zen nous enseigne les deux voies en une seule. »
Moine de l’école Zen SOTO, il est un homme d’envergure, et tout au long des 15 années où il va enseigner en France, il va développer cette pratique du zen en parfait accord avec la vie sociale telle qu’elle se vit.
Maître Deshimaru apporte de la lumière avec sa pratique d’un zen dépouillé, il enracine la pratique du zazen dans l’existence quotidienne sans se couper du monde comme son maitre lui a transmis. Il vit ce qu’il enseigne. Il va bien sur s’inspirer de son propre cheminement, et dès les premières conférences, il s’assoit pour dire « le Zen c’est seulement zazen ». Il montre une pratique vivante, concrète, pour expérimenter avec le corps.
Il transmet une pratique qui se veut simple, la pratique zazen est très simple : être assis, être concentré sur sa respiration, ne rien faire, se laisser vivre par la vie cosmique. Chercher le comportement juste. Voilà ce qu'il transmet. C'est simple et difficile pour l'homme occidental pris par mille réflexions et pensées, s'asseoir dans ce silence et cette immobilité : là commence la voie, les tentatives répétées de cette quête de présence, de conscience pour trouver ce silence intérieur pour se laisser vivre par la vie cosmique.
Dans son livre, « Zen et vie quotidienne : la pratique de la concentration », il délivre de véritables clés pour tous les pratiquants de zazen ou de méditation, sur tout ce qui se produit à l’intérieur. Et comment activer, pratiquer cette concentration intérieure. Le pratiquant se reconnaîtra dans ce texte.
« Le comportement influence la conscience. A comportement juste, conscience juste. Notre attitude ici, maintenant, influence tout l’environnement : nos paroles, nos gestes, nos façons de nous tenir, tout cela, tout cela influence ce qui se passe autour de nous et en nous. Les actions de chaque instant, de chaque jour doivent être justes. Le comportement dans le dojo rejaillira sur notre vie quotidienne. Chaque geste est important (…) Il ne faut pas rêver sa vie ! Mais être complètement dans tout ce que l’on fait (..). L’esprit du Zen et du Judo tend à cela : ce sont de vraies sciences du comportement. Rien à voir avec l’imagination qui transforme le monde, comme dans beaucoup de religions. On doit vivre le monde avec son corps, ici et maintenant. Et complètement se concentrer sur chaque geste. (…) Il ne s’agit pas uniquement du comportement et de l’apparence extérieure, mais aussi et surtout de notre attitude intérieure » (ZEN ET ARTS MARTIAUX)
Aujourd’hui, il est toujours possible de se rendre au temple zen« la Gendronnière », fondé par Maître Deshimaru, pour pratiquer ou découvrir la pratique du Zen Soto telle que Maître Deshimaru l’a transmise.Ses disciples continuent à transmettre son enseignement.
Il est celui qui a apporté la pratique de Zen Soto en Europe, de nombreux dojos continuent à fonctionner sur son énergie et son enseignement.
"Notre vie n'est qu'un rêve. Les gens souffrent à cause de leur esprit empli d'illusions, de folies et de peurs ; mais tout cela n'est qu'images dans un miroir, sans réelle existence."
S’inspirer de l'enseignement de Taisen Deshimaru dans sa vie quotidienne…
- Rejoindre un dojo Zen Soto pour apprendre à pratiquer Zazen
- Pratiquer zazen
- Etre engagé dans sa pratique
- Vivre l'instant présent
- Lire ses livres, étudier l'enseignement du zen, et lire la vie des maîtres anciens.
- L'humour, la joie font partie intégrante de ce qu'il a transmis.
- Vivre sa vie ordinaire et avoir une pratique spirituelle engagée dans le bouddhisme-zen.